2008, Barclay
C'est peu dire que je n'aime pas Louise Attaque. En retrouver le chanteur et guitariste Gaëtan Roussel aux commandes d'un album d'Alain Bashung me paraissait donc une bien curieuse idée. Il se confirme d'ailleurs que mis à part Le secret des banquises, avec son rythme enlevé et son gimmick de cloches à la fois osé et amusant, je reste dubitatif quant aux interventions du monsieur. En revanche, je découvre Gérard Manset, dont le Comme un Lego survole sans conteste tout l'album du haut de sa noirceur sidérale, ainsi que Joseph d'Anvers et Arman Méliès, dont le Tant de nuits n'est pas sans évoquer, en moins lyrique, l'ambiance envoûtante de La nuit je mens (in Fantaisie militaire). Cela dit, il y a dans la plupart de ces titres mi-pop, mi-country, une atmosphère mélancolique qui se love insidieusement dans le coeur et rend l'album touchant. Est-ce dû aux arrangements assez dépouillés, aux textes menottés par la tristesse surannée du manque d'amour ? Sans doute. Mais aussi au chant de Bashung, à son timbre plus ou moins nasal, à sa manière toute particulière de manger légèrement les mots et d'en déformer un poil la prononciation. Revenant à la mélodie et aux ambiances folk, il n'en poursuit pas moins sa tournée des grands espaces, terrains de nulle part que l'on serait tenté de situer ici du côté du Middle West américain, s'attardant sur mille petits détails – une souche, une clairière, un lac, un insecte sur le dos – qui ramènent immanquablement à la précarité de l'amour et de l'existence.
14 juin 2008
Élysée Montmartre, Paris (France), 26 octobre 2008.
2008, Barclay.