2009, Domino
À de rares exceptions près, la critique a réservé une standing ovation à ce huitième album studio du groupe américain Animal Collective. M'est-il permis de faire état d'une réception plus circonspecte, du bas de ma très modeste qualité d'amateur lambda de musique rock ? Les bidouilleurs d'Animal Collective mettent du chant (les mélodies ne sont pas fournies) sur un fond de percussions synthétiques rehaussé de multiples couches de sons et de bruits qui emplissent tout l'espace. Des rythmes endiablés forment une sarabande entraînante (Summertime Clothes par exemple), l'ambiance est joyeuse et enthousiaste – on pourrait parfois se croire chez de lointains cousins d'Arcade Fire. Mais la musique, elle, reste mystérieusement aussi insaisissable que l'illusion de mouvement produite par les motifs de la pochette. Peut-être parce qu'en concevant la création musicale comme un empilement de sons, d'enjolivements et d'effets, Animal Collective finit par nous donner plus à entendre les détails que l'oeuvre elle-même (« Ouah ! T'as entendu le "ssshhh-plonk" sur le 42e temps ? »). Les morceaux ont beau être différents, il laissent l'impression d'une même empreinte sonore, un peu comme un brouhaha général dans lequel on ne capterait, ici et là, que des bribes de conversations sans queue ni tête. Il est possible aussi que cette musique ait vocation à se vivre et à se ressentir davantage en concert que dans la quiétude solitaire du casque sur les oreilles. Enfin, même si le rock ne saurait se réduire à la définition qu'en donne le dictionnaire, je ne suis pas du tout convaincu que la production d'Animal Collective, aussi expérimentale soit-elle, puisse être rattachée à ce genre musical. Ce dont je suis sûr en revanche, c'est que cet album, présenté comme le plus accessible, m'a définitivement ôté l'envie de découvrir les autres.
11 avril 2009
Festival de Coachella (Californie, États-Unis), 2008.
2009, Domino.