Le stockage de données sur ADN permettra-t-il de conserver la mémoire de l'humanité au-delà de son extinction ? Massive Attack a déjà tenté la technique pour son album Mezzanine.
Photo : Massive Attack / Colourbox / Caroline Laville.
Hier, c'était la conservation des archives qui posait problème. L'accélération de la technologie aidant, s'y ajoute maintenant la simple conservation des données courantes. Je suis d'une génération qui a dû s'y reprendre à deux fois pour simplement maintenir une discothèque vivante : passer du disque vinyle et de la bande magnétique au compact disc, puis au fichier numérique. Avec à chaque fois de la perte dans les catalogues, évidemment, d'autant que ma prédilection ne va pas forcément aux artistes les plus populaires dont les rééditions sont de ce fait assurées. Aussi l'idée certes encore exploratoire mais séduisante du stockage ADN de l'information ne me laisse-t-elle pas insensible. Je n'en verrai probablement pas le déploiement, mais la perspective de pouvoir compter sur un support d'information qui ne disparaîtra qu'avec toute forme de vie procure joie et soulagement à l'obsédé de la mémoire que je suis. Bon, quelques menus détails restent encore à régler, du genre franchir un facteur mille pour atteindre une vitesse de lecture correcte à un coût supportable, l'ordre de grandeur étant de 100 millions pour réduire le temps et le coût de l'écriture. Mais des tests probants ont déjà été réalisés, dont l'encapsulation ADN de l'album Mezzanine de Massive Attack par des chercheurs de l'École polytechnique fédérale de Zurich. Cela a d'ailleurs donné l'idée au groupe d'incorporer son album rendu à l'état de nanobilles dans des bombes de peinture noire, pour célébrer en 2018 le vingtième anniversaire de sa sortie.
5 décembre 2020
Sources : Archiver les mégadonnées au-delà de 2040 : la piste de l'ADN (rapport de l'Académie des technologies, octobre 2020) ; Entire music album to be stored on DNA (Fabio Bergamin, ETH Zürich News, 20 avril 2018).