Les radios ne veulent plus supporter seules les quotas de diffusion de chansons françaises et demandent que ce boulet entrave aussi les plates-formes de streaming.
Poste de radio de 1953.
Photo : PxHere / Domaine public.
« Pourquoi nous et pas eux ? » C'est en substance le message que les principales radios françaises ont fait passer au ministre de la Culture, alors qu'un projet de loi sur l'audiovisuel est en préparation. Entre autres récriminations, elles demandent que les plates-formes de streaming musical soient elles aussi soumises aux quotas de diffusion d'œuvres francophones dans leurs offres gratuites.
Plusieurs régimes de quotas s'appliquent aux radios, pouvant aller jusqu'à 40 % de chansons francophones. Il faut admettre : c'est beaucoup, voire un casse-tête pour la programmation et un boulet pour le commerce. Cela dit, les mêmes radios n'ont besoin d'aucun quota pour restreindre volontairement la diversité de leur programmation musicale internationale.
Il suffit de parcourir les sites et blogs dédiés au pop-rock pour constater que 80 % des groupes qui y sont évoqués – français compris – sont inconnus ou ignorés des ondes nationales. Pour ce qui me concerne, l'apport de la radio a toujours été dérisoire dans mes découvertes musicales et je l'ai totalement désertée dès l'arrivée du streaming.
L'inquiétude des radios face au bouleversement de l'économie numérique est légitime – quoique tardif. Reste qu'à partir du moment où la musique est un plaisir, il n'y a pas photo entre pouvoir choisir ce que l'on écoute et se faire imposer le goût des autres (1) à travers une grille de programmes consensuelle.
6 octobre 2019
(1) Film d'Agnès Jaoui, 2000.
Sources : Réforme audiovisuelle : les radios veulent faire entendre leurs voix (Les Échos, 12 septembre 2019) ; Les quotas radio sont-ils toujours adaptés ? (Libération, 10 mai 2019).