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Musicabrac / Heart of Gold

Spotify songerait à mettre ses auditeurs sous surveillance cardiaque pour leur délivrer une musique toujours plus « appropriée ».

Photo : D.R..

Le service de musique Spotify songerait à mesurer le rythme cardiaque afin d'en déduire la musique la plus appropriée à l'activité du moment, nous apprend le quotidien britannique The Guardian. C'est encore un peu fumeux, mais il s'agirait de doter les téléphones mobiles de capteurs dont les informations influenceraient automatiquement le style de musique délivrée. Daniel Ek, fondateur de la boîte, explique sans complexe pourquoi : « Près de la moitié de la musique écoutée sur téléphone, sinon plus, est le fait des personnes qui passent leurs propres playlists ». Eh oui, c'est effectivement mauvais pour le business car ce qui rapporte vraiment, ce n'est pas que l'on s'abonne pour écouter de la musique en général, mais que l'on choisisse celle que les annonceurs veulent que l'on écoute. Alors que, soit dit en passant, l'autre raison qui déclenche l'acte de paiement est précisément l'envie de s'affranchir de la pub... Mais les annonceurs ne renoncent jamais ! L'idée est donc d'amener le plus d'auditeurs possible vers les « recommandations » en personnalisant celles-ci au maximum pour augmenter leur pertinence, et donc la probabilité qu'elles soient suivies. D'où ce besoin de toujours mieux connaître le consommateur, y compris de l'intérieur. Mais là, on franchirait quand même un cap car rien ne pourra garantir que le monitoring soit subordonné à notre consentement éclairé. Et tant qu'à gagner encore trois francs six sous de plus, il n'y aurait plus qu'à revendre les relevés cardiaques aux compagnies d'assurances, aux banques, aux employeurs et à la sécurité sociale. C'est illégal, évidemment, mais la loi a-t-elle jamais empêché le délit ? On vit décidément une époque formidable où l'appât du gain ne se contente même plus de s'affranchir de toute moralité : il s'en vante ouvertement.

1er février 2014

Sources : Spotify to tailor music to your heart beat (The Guardian, 20 janvier 2014).

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