2013, Infectious
La musique alambiquée des Nouveaux puritains farfouille toujours plus profondément dans le coffre aux idées décalées pour se (dé)construire : arythmie surprenante, harmonies dissonantes, mélodies étonnantes, ossatures vacillantes. D'une certaine manière, la démarche de Jack Barnett n'est pas très éloignée de celle qu'avait suivie Mark Hollis dans sa quête de l'épure où le silence fait autant sens que la note, à ceci près que le premier explore la musique contemporaine là où le second poussait le jazz dans ses retranchements. Mais le mieux est l'ennemi du bien. L'on a beau convoquer plus de musiciens et de chanteurs, multiplier les studios d'enregistrement, la perfection qui en sort est à mon avis plus cérébrale qu'émotionnelle. Oh ! C'est bien fait, il n'y a pas à dire. Mais y a-t-il encore place pour la larme, le rire, la colère ou la douleur dans un univers tellement pensé et sous contrôle ? Mark Hollis avait l'immense atout de sa voix et de son chant pour exprimer ses états d'âme. Non seulement la voix monocorde de Jack Barnett en est incapable, mais son perfectionnisme finit par vider ses compositions de tout supplément d'âme, alors qu'elles sont objectivement sublimes. De sorte que si cet album est incontestablement bien meilleur et plus abouti que le précédent, forçant le respect pour une musique de dieux savants et sérieux, il ne réitère pas le miracle d'un morceau comme 5, qui donnait à entendre la musique des anges.
14 juillet 2013
Version originale.
Vidéo éditée par These New Puritans (YouTube / Infectious Music).
2013, Infectious.