1988, Sire
Alors qu'un nouvel album est annoncé pour mars prochain, se replonger dans les débuts des Throwing Muses est toujours un délice, même s'il n'est pas exempt d'ambiguïté à l'image des chansons décidément surprenantes de ce House Tornado, leur deuxième livraison. Les deux jeunes demi-sœurs qui les écrivent – Kristin Hersh principalement – semblent prendre un malin plaisir à composer en tirant la langue aux courants dominants du rock. En apparence, tout paraît normal. Les guitares sont plutôt cristallines, la basse tient (très) bon la barre, la batterie assure dignement un rythme globalement enlevé, les voix ont une tessiture étendue dans les aigus. Sauf qu'à l'arrivée, pas grand-chose ne se passe comme on s'y attendrait. Où sont les refrains ? Où est la structure ? Où est le tempo ? Ce non-conformisme est brandi dès le morceau d'ouverture, Colder, et aucun titre n'y échappera jusqu'au conclusif Walking In The Dark : changements soudains de rythme et d'ambiance, vocalises débridées, percussions imaginatives d'un batteur qui n'avait comme formation musicale que la caisse claire de la fanfare du coin, guitares aussi sautillantes que les voix, lignes de basse parfois hallucinantes. Il va de soi que rien de toute cette liberté aussi effrénée que spontanée ne conduit à des tubes. Il n'en reste pas moins que cette manière faussement candide de bousculer les codes un peu empesés du rock fait un bien fou au genre – et à ses amateurs.
14 janvier 2025
Dusseldorf (Allemagne), le 31 mars 1991.
Vidéo éditée par yell0wSky.
1988, Sire.