1979, Polydor
Ce Join Hands a beaucoup de mérites. L'un d'eux est de faire entendre l'origine punk de la new wave. À cette époque, Siouxsie joue un rock dont la caractéristique première est d'être fort peu avenant : sale, sombre, grinçant, bruitiste et bruyant. La violence du monde traduite en musique radicale, maquillage outrageant et frusques provocantes. Le guitariste John McKay cisaille littéralement les morceaux d'une stridulation incessante, tandis que le batteur Kenny Morris se donne pour mission de marteler tous les toms qui lui tombent sous la baguette. Le chant scandé, voire éructé de Siouxsie a surtout la basse de Steven Severin comme repère harmonique. Il faut entendre la hargne avec laquelle elle déclame – en français – « Au clair de la lune, mon ami Pierrot » sur le long dérapage en roue libre qu'est The Lords Prayer ! Hostile, bagarreur et vicieux, cet album au son judicieusement assourdi par la production piétine les conventions, tire la langue à la bienséance et ricane en crachant sur les codes corsetés du « bon » rock. Dans mes repères personnels des émois musicaux, il y a clairement un avant et un après Icon, que je considère comme le sommet de l'album : quarante ans ont passé, il n'a rien perdu de son ardente beauté venimeuse.
30 mars 2019
Londres (Angleterre, Royaume-Uni), le 10 juillet 2002.
Vidéo éditée par jifm.
1979, Polydor.