2013, Matador Records
J'imagine qu'il est plus aisé pour une femme d'être membre d'un groupe entièrement féminin que, par exemple, se voir concéder le rôle de gentille bassiste par une bande de mecs un peu machos sur les bords – et ce n'est ni aux Pixies ni aux Smashing Pumpkins que je songe, mais à un groupe bien de chez nous. Les quatre girls des Savages font en tout cas un rock mi-nerveux, mi-furieux, lardé de stridences saturées et de violence hurlée se faisant passer pour des refrains. Avec une charpente (basse et batterie) suffisamment solide pour ne pas laisser ces déchaînements tout emporter sur leur passage, cette fureur plutôt sombre n'est pas sans évoquer les débuts de Siouxsie and the Banshees. Fait rare : je n'identifie pas franchement de morceau préféré dans cet album, alors que les pénibles m'apparaissent très nettement (l'interlude Dead Nature pour basse et guitare, le furioso Hit Me et l'anachronique Marshal Dear où il se vérifie que le piano et le saxo ne font pas bon ménage avec la conception bruitiste du reste de l'album). Peut-être She Will, dont la facture rock est la plus classique, si l'on ose dire, ou alors Waiting For A Sign, le plus lent et mélodique. Mais Shut Up, City's Full et Strife (superbe ligne de basse) ne sont pas mal non plus, tout en étant nettement plus représentatifs de l'orientation musicale du groupe.
3 août 2015
Pitchfork Music Festival à Chicago (Illinois, États-Unis), 20 juillet 2013.
Vidéo éditée par Pitchfork.
2013, Matador Records.