2019, FatCat Records
Tout surprend lorsque l'on découvre les MNNQNS. À commencer par leur nom, qui se prononce en remettant les voyelles manquantes en place – Mannequins – et dont la graphie aurait été choisie à dessein pour l'extirper à coup sûr de la masse des données en ligne. Au-delà de cette coquetterie, c'est bien sûr avec sa musique que le groupe normand fait faire les oreilles rondes. C'est du rock, à n'en pas douter. Mais comme tenteraient de le vendre des publicistes en mal d'inspiration, c'est bien plus que du rock. Pour être plus précis, des morceaux a priori « normaux » laissent soudain entendre des bizarreries aussi déroutantes qu'inattendues : des déchirures bruitistes interrompant un chant pop à la Beach Boys (NotWhatYouThoughtYouKnow) ou venant « orner » une basse pulsante (Stagnant Pools) ; un clavecin lançant une mesure de dingue à 17/8 (Double Visions) ; un drôle d'arpège très métallique venant distordre l'harmonie (Drinking From The Pond) ; des cassures de style et de rythme (Wire)... J'ai mis très longtemps à finalement ne pas savoir si j'aime ou non ce rock brillant mais parfois agaçant. Pour le verre à moitié vide, disons que des trucs stroboscopiques comme Urinals mettent quand même à rude épreuve et les nerfs, et les oreilles. Par ailleurs, l'accumulation d'anomalies, qui participe grandement à l'originalité des compositions, peut aussi lasser et donner l'impression d'une posture plutôt que d'une inspiration. Pour le verre à moitié plein, il faut admettre que certains morceaux d'influences variées sont carrément enthousiasmants (NotWhatYouThoughtYouKnow, Double Visions, l'effréné Fall Down, She's Waiting For The Day et son refrain digne de la grande époque de la britpop).
8 octobre 2023
The Manor (?), juillet 2020
Vidéo éditée par MNNQNS.
2019, FatCat Records.