1998, V2 Music
Des adolescents ou jeunes adultes ont fait de grands poètes. Pour autant, tutoyer l'universel en quelques rimes reste un talent rare. Ce n'est pas que les émois de l'adolescence soient négligeables, loin de là, mais la sincérité et la naïveté que l'on couche sur le papier à ce moment de l'existence vieillissent généralement très mal, pour peu que ces écrits soient conservés. Il est donc un peu surprenant de voir un trentenaire continuer d'écrire des chansons comme à 17 ans, à l'image de cet unique album de l'éphémère groupe Melville, emmené par un certain Emmanuel Tellier, tout à la fois musicien et journaliste musical. Cela dit, cet album livre un rock plus qu'honnête, franc et direct, clair et mélodique, même si la voix quelque peu maniérée du chanteur finit par être un tantinet agaçante. Les plus âgés y retrouveront un titre que la radio Ouï FM avait eu la bonne idée de passer en boucle (Qu'importe ce qu'on dit) et qui m'avait convaincu d'acheter l'album. Bien m'en a pris car s'il y a du pénible (Ceux qui nous ressemblent, Mon Himalaya), il y a aussi d'excellents passages (Allez, allez, Que le vent t'emporte, la belle ballade acoustique Ici). Melville aurait-il pu passer de la petite cour d'un Cox aux salles plus vastes d'un Dolly ou aux arènes d'un Noir Désir ? C'est peu probable s'il n'avait pas renouvelé et diversifié ses premières chansons, encore trop marquées du même moule. Mais de toute façon, la question ne s'est malheureusement pas posée longtemps, puisqu'il aura suffi d'un changement de direction de sa maison de disques pour qu'il s'en retrouve mis à la porte du jour au lendemain. Le jour où la France arrêtera de croire que Johnny Hallyday faisait du rock, cela ira probablement mieux pour ce genre décidément bien sous-estimé et sous-doté dans l'Hexagone.
19 janvier 2024
Version originale.
Vidéo éditée par David 77.
1998, V2 Music.