1991, Rough Trade Records
Il arrive que des comètes fabuleuses traversent le ciel déjà bien étoilé du rock. Ces disques tournoyant surgis de nulle part filent à toute allure et peuvent passer totalement inaperçus pour peu que le hasard ne nous fasse pas lever les yeux à cet instant précis. Je ne me rappelle plus comment je me suis retrouvé nez à nez avec les Mabuses, mais cette rencontre fortuite reste l'une des plus palpitantes de mon interminable quête du Graal musical. Que tant de dextérité et d'inventivité se soient penchées sur le berceau de Kim Fahy est tout bonnement prodigieux. Chaque chanson bouleverse les codes habituels de la musique pop-rock, partant d'une idée simple, voire banale, pour arriver à des ambiances folkloriques (Life In A Lifeboat), des interludes lumineux (Diego No 2), des chants de feu de camp (Nightcap), des dissonances remarquables (Mad Went The Barber)... Les lignes de basse sont d'une complexité inhabituelle et vont flirter avec le jazz (Diego No 1), les voix sont remarquablement travaillées de bout en bout. Mais ce sont les morceaux les plus rock qui me laissent le plus admiratif et dégoulinant d'adrénaline : le riff de lancement et le pont de guitare de Cubicles, les stridences et la course claudiquante de The Gibbon Walk et chaque note, chaque accord, chaque harmonie, chaque voix off et chaque caquètement de Kicking A Pigeon, malin, talentueux, époustouflant et tout ce que le dictionnaire peut comporter comme synonymes de brillantissime.
19 février 2022
Version originale.
Vidéo éditée par maurizio58125.
1991, Rough Trade Records.