1982, Crammed Discs
Ni les groupes israéliens ni la new wave orientale ne brillent particulièrement sur la scène internationale. Il ne fait donc aucun doute que le choix des fondateurs de Minimal Compact de quitter Tel-Aviv pour l'Europe a directement contribué à leur percée, de même que le nouvel entourage qu'ils y ont trouvé et qui a cru en eux, à commencer par Marc Hollander, patron du label belge Crammed et Dirk (ou Dick, c'est selon) Polak, chanteur du groupe hollandais Mecano. Si les stridences rythmiques très particulières de guitare métallique et de saxophone étaient déjà utilisées dans la new wave – je pense notamment aux Français de Marquis de Sade, qui deviennent Marc Seberg en ce début des années quatre-vingts –, Minimal Compact ajoute deux ingrédients qui lui sont propres : des influences klezmer, judéo-arabes et folkloriques israéliennes, ainsi qu'une technique minimaliste, pour ne pas dire rudimentaire, du chant et de la basse qui signent tout autant le son de leur post-punk désenchanté. À condition d'oublier certains remplissages (Head Section, Morpheus Secrets), ce premier album novateur continue d'exercer une étrange fascination, entre mélopée répétitive (Take Me Away), petit trot existentiel (It Takes A Lifetime), sarabande orientale (Babylonian Tower) et errance triste (Orkha Bamidbar). La noirceur de leur new wave prend toute son ampleur dans l'instrumental et mélodique Invocation, le martial Cold Life avec sa basse lancinante et le sombre Disguise – mon préféré – qui prend le temps d'installer son atmosphère pesante avant que la guitare n'introduise magistralement, d'abord en arpèges (frissons) puis en accords (fièvre), la complainte finale, puissante, magnifique et désolée.
16 août 2015
Tel-Aviv (Israël), 1991.
Vidéo éditée par Arik Dor Davidovitch.
1982, Crammed Discs.