2016, Glassnote
La production pop-rock a beau être pléthorique, la satisfaction que l'on retire de son exploration est aussi rare que la pépite d'or enfouie sous des amas de cailloux ordinaires. Il arrive pourtant que le hasard gratifie les aventuriers persévérants d'un gros câlin. Celui-ci me vient aujourd'hui d'Irlande, avec la découverte d'une douzaine de chansons d'exception des Little Green Cars, au confluent des musiques folk, pop et rock. La tonalité d'ensemble de leur deuxième et – malheureusement – ultime album n'est pas vraiment à la joie, les membres du groupe ayant vécu des moments pas très folichons à cette époque : la mort d'un père, des amours en déliquescence, des doutes existentiels, ce genre de choses qui viennent rappeler combien le bonheur est éphémère (1). L'adversité a pourtant du bon pour qui sait s'en faire une muse : en témoignent ces arrangements parcimonieux et soignés éclairant le plus justement possible la noirceur des paroles, ces mélodies levant de grands yeux éperdus et humides vers ce qui ressemble fort au paradis perdu, cette chanteuse sensible et talentueuse, parfaite interprète des émotions et des tristesses humaines... Ephemera est un don du ciel, aussi exceptionnel et précieux qu'un « je t'aime ».
25 août 2023
(1) Le titre de l'album est emprunté à celui d'un poème que William Butler Yeats a écrit en 1884 et publié en 1889 dans The Wanderings of Oisin and Other Poems (Les Errances d'Oisin, éditions Verdier, 2003).
Ballina (Irlande), le 28 septembre 2018.
Vidéo éditée par OtherVoicesLive.
2016, Glassnote.