2015, Sub Pop Records
Certaines noirceurs musicales sont étouffantes en ce qu'elles vous tendent littéralement la corde pour vous pendre. Chez Low, la mélancolie est au contraire lumineuse, toujours transpercée d'une trouée laissant entrevoir la beauté du monde ou de la vie. C'est peut-être dû à leur foi, ou bien est-ce une question de tempérament. Cela vient aussi, je crois, de la retenue de leur musique : tempo lent et parcimonie de notes sont leur marque de fabrique reconnaissable entre toutes. C'est cette musique de peu qui a toujours suffi à envelopper leur auditoire d'une atmosphère aussi triste que belle, comme s'ils tentaient malgré tout de nous emporter avec eux vers une impossible rédemption. La magie opère encore et plus que jamais avec ce onzième album, paru en 2015, peut-être l'un des meilleurs du couple Alan Sparhawk-Mimi Parker et de leur bassiste – ici Steve Garrington. Le producteur BJ Burton les a convaincus de pousser les potards et les machines à bruit au-delà de leurs habitudes pour donner un peu plus de coffre et de profondeur au son d'ensemble. Le résultat frise parfois le trop (No End, Lies) et le groupe lui-même peut surprendre en se laissant aller à un soudain accès de légèreté pop (What Part Of Me, Kid In The Corner). Cela dit, les dosages plus subtils sont de vraies réussites et le délicieux frisson du plaisir douloureux reste largement dominant, de Gentle à Spanish Translation et d'Into You à The Innocents, en attendant le déchaînement final de toute la palette émotive de Low qui rend cet album inoubliable. Déjà en temps normal, se prendre Landslide et DJ en plein cœur est tout simplement bouleversant. Mais maintenant que Mimi Parker n'est plus, ces deux chansons me sont devenues les bougies éclairant sa mémoire.
12 novembre 2022
Berlin (Allemagne), le 20 juin 2016.
Vidéo éditée par Lolo_from_Paris.
2015, Sub Pop Records.