2019, Kscope
Il paraît qu'à leurs débuts, les Poitevins de Klone portaient haut les couleurs du métal pur et dur, puis qu'ils ont mis du progressif dans leurs amplis à partir de l'album Here Comes The Sun, paru en 2015, au point d'être maintenant estampillés de l'étiquette « métal progressif ». À les découvrir à travers l'album Le grand voyage, sorti en 2019 – et bien que je sois peu au fait des subtiles déclinaisons de ce que j'appelais quant à moi « hard rock » dans ma jeunesse –, je serais tenté d'approuver par un prudent « c'est pas faux ». Pour le côté métal, les gros accords et riffs de guitare et de basse sont bien là (The Great Oblivion) et la frappe du batteur est bien lourde, tant du pied de grosse caisse que du bras tout entier sur une caisse qui n'a de claire que le nom (Keystone, Hidden Passenger). Pour l'aspect progressif, le tempo est souvent non pas apaisé, mais nettement plus ralenti que les concours de rapidité qu'affectionnent encore de nombreux guitaristes persuadés qu'être excellent, c'est savoir jouer à toute blinde. Ici, les guitares ne s'aventurent d'ailleurs pas dans le solo (c'est le saxophone qui s'y lance à tombeau ouvert dans Indelible) mais savent faire respirer les morceaux avec des arpèges bienvenus (Indelible, Silver Gate, le formidable arpège final de Breach) ou quelques notes aériennes (Sealed, Keystone, Sad And Slow). Du synthé s'entend aussi ici ou là, qui vient soit assombrir encore le son d'ensemble, généralement pesant, soit parfois, au contraire, l'irradier d'éclairs célestes (le final de Keystone). Et puis, comment ne pas évoquer la qualité exceptionnelle du chant, tant vocale que mélodique, qui installe l'ambition du groupe dès le morceau d'introduction Yonder ? C'est peut-être ce chant qui contribue le plus à ranger cet album du côté du métal progressif, en éclairant d'une lumière chaude un paysage sonore autrement bien sombre et tourmenté.
3 décembre 2024
Lisbonne (Portugal), le 1er mars 2020.
Vidéo éditée par Kscope.
2019, Kscope.