Keep Shelly In Athens

Keep Shelly In Athens / Philokalia

2017, Athenian Aura Recordings

Je me méfie toujours des duos électro-machin-chose. Leur progéniture musicale relève le plus souvent du bidouillage de synthés assisté par un ordinateur bien incapable de pallier les défaillances originelles, à commencer par ces trucs un peu mystérieux que sont le talent et l'inspiration. Aussi la découverte à reculons de Keep Shelly In Athens s'est-elle finalement révélée comme une heureuse surprise : le compositeur et musicien, dont le pseudonyme est un défi à l'élocution comme aux codes informatiques, se révèle particulièrement doué pour broder délicatement sur des thèmes très simples, tout en maîtrisant remarquablement les usages sonores des synthés. Deux particularités viennent toutefois faire la différence avec d'autres artistes similaires : l'usage de percussions soignées pour rythmer ce qui pourrait autrement rester dans la musique d'ambiance, et le recours à une chanteuse talentueuse pour passer de l'instrumental à la « vraie » chanson. La démarche n'est pas nouvelle : elle a fait le succès de Depeche Mode puis de la production trip-hop de groupes comme Archive, Massive Attack ou Portishead. Mais curieusement, elle n'est pas si fréquente chez les musiciens électroniques qui œuvrent en solo ou en duo. Tout dans cet album est parfait, mes préférences allant à Leave In Silence, Game Over (Daniel's Scene), Philokalia, We Want More et, surtout, Believe. En tout cas, avec ce Philokalia, Keep Shelly in Athens se propulse sans problème et de très loin au top de mes écoutes de cette année 2022.

17 octobre 2022