2005, Idaho Music / Talitres Records
Une poignée d'inconditionnels attend impatiemment chaque nouvelle production d'Idaho. On se demande ce qu'il peut y avoir de si spécial dans l'oeuvre de son fondateur – et désormais seul membre – pour susciter une telle dévotion. La musique est bancale, la voix inexistante, la structure des morceaux déroutante. De plus, Jeff Martin a mêlé dans cet album ses habituels soupirs existentiels à des thèmes musicaux un peu plus légers, composés pour la publicité ou télé. Mais, mais... Il y a ce piano qui résonne comme s'il était le seul rescapé d'une immense bâtisse vidée de ses meubles et de ses occupants (The Orange Cliffs et Echelon forment une suite magnifique, d'une tristesse infinie). Il y a ces amples accords de guitare qui zèbrent l'atmosphère doucement mélancolique, comme un Jackson Pollock à qui viendrait soudain l'idée saugrenue de balancer un grand pot de peinture rouge sur un paysage de Frederic Church. Il y a ce chant usé, cette plainte plutôt (comme dans The Mystery), qui s'égare dans des pensées et des sentiments si intimes parfois qu'on pourrait se sentir gêné de les surprendre. Il y a tout simplement que Jeff Martin sait capturer sur le vif la fragilité, la blessure ou la cicatrice que les écorchés, d'où qu'ils soient et quel que soit leur langage, reconnaissent trop bien. Le bougre poursuit sa route musicale en solitaire, mais il n'est pas si seul que ça.
23 février 2008
Version originale.
Vidéo éditée par Talitres.
2005, Idaho Music / Talitres Records.