1998, Polydor
En d'autres temps, Mark Hollis accédait à la notoriété avec le groupe Talk Talk grâce au tube Such A Shame. Puis vint Laughing Stock. Était-ce le même groupe qui était ainsi passé de la pop FM à du free jazz couleur murailles ? Après sept ans de réflexion, un nouvel album sans titre ne retient que le nom de son leader, le groupe s'étant séparé. On a peine à croire qu'il se soit écoulé tout ce temps. Mêmes bois et cuivres en demi-teintes, mêmes percussions décalées et guitares pudiques. Est-on au bout de la nuit, de l'amour, de la vie ? C'est une plainte lente et retenue, où la note lutte avec le silence, où le mot recherché hésite avant de se perdre dans les points de suspension. La voix s'élève parfois, trahit une peine que l'on sent encore aiguë, mais retombe vite dans un murmure embarrassé. Évocations des promesses et des espérances qui, à peine esquissées, s'abîment déjà au contact du temps, des gens qui changent, de la folie des hommes ; pensées mélancoliques pour ce qui a vécu sans s'achever, pour ce qui aurait pu être différent si... Les chansons de Mark Hollis sont les larmes silencieuses qu'on ne laisse jamais voir aux autres. Il vient de disparaître à jamais. J'en suis profondément triste et désemparé.
2 mars 2019
Version originale.
Vidéo éditée par SilverBuddha.
1998, Polydor.