1969, Decca
C'est un curieux objet que ce tout premier album de Genesis. D'habitude, l'œuvre initiale annonce clairement la couleur musicale des groupes naissants, en dépit de l'inexpérience et du manque de moyens qui peuvent mettre à mal la qualité des enregistrements de jeunesse. Rien de tel ici où l'on passe le plus clair du temps d'écoute à se demander quel est leur style et où ils veulent en venir. De la gentille pop pure avec violons (Fireside Song, In Hiding, Silent Sun) côtoie du pop-rock un peu plus élaboré (Where The Sour Turns To Sweet, One Day, In Limbo), du presque rock (In The Beginning, The Serpent, In The Wilderness, The Conqueror) et des constructions plus complexes et indéfinissables, mélangeant folk, mélodies pop et développements orchestraux (Am I Very Wrong, Window, A Place To Call My Own). Il semble en fait que tout découle d'un quiproquo de départ entre un groupe ambitieux mais à peine sorti du lycée et un producteur qui a tenté de les orienter vers de la pop grand public. Quelques constantes se dégagent malgré tout de ce fatras déroutant et de son échec commercial (un peu plus de 600 exemplaires vendus) : une batterie quasiment absente ou inaudible, un piano au contraire manifestement volontaire, peu de guitare électrique mais beaucoup de guitare folk, un chant impeccablement posé et plutôt expressif, avec un timbre particulier dès que la voix s'amplifie (In The Wilderness). Évidemment, lorsque l'on connaît la suite, on identifie tout de suite Am I Very Wrong comme précurseur du rock progressif qu'ils développeront dans l'album Trespass. Mais franchement, sauf à vouer un culte fanatique à Genesis, cet album gagne surtout à rester dans l'oubli.
9 novembre 2023
Version originale.
Vidéo éditée par Genesis (compte auto-généré par YouTube).
1969, Decca.