1997, East West France
Le contraste entre la voix juvénile d'Emmanuelle Monet, la hargne stridente des guitares et la noirceur de certains textes sont l'emblème du rock de Dolly. Mon attachement pour ce souffle chaud et froid a été immédiat et ne s'est pas lassé au fil de l'évolution du groupe, dont l'existence s'est malheureusement interrompue brutalement, anéantie par la disparition du bassiste Michaël Chamberlin. Il est une autre caractéristique qui distingue la musique de Dolly : la sensibilité. Il est rare de la trouver dans le rock à gros accords de guitare, qui résulte généralement d'une muse défaillante ou d'une maîtrise instrumentale approximative – voire de ces deux faiblesses combinées. Les Nantais, eux, s'en servent comme révélateur de la complexité de l'âme humaine, dont ils explorent l'ombre et la lumière (Je n'veux pas rester sage par exemple). Du reste, à bien écouter le son de ce renfort d'infanterie, il se révèle vite qu'il est loin de se réduire à une charge tapageuse de gros godillots. À l'inverse, la légèreté faussement ingénue de certains arrangements illumine de paillettes chatoyantes les idées les plus sombres (Partir seule). Dès ce premier album, Dolly se révélait diablement séduisant. Je me replonge toujours avec autant de délice dans son monde équivoque, où le bien et le mal jouent de leur gémellité.
8 juin 2019
Passage à l'émission télévisée Nulle part ailleurs de Canal + le 5 septembre 1997.
Vidéo éditée par manufriends.
1997, East West France.