2006, V2
Beau n'est pas le premier adjectif qui me vient à l'esprit pour qualifier la musique des enfants de la Guerre froide. À la première écoute, j'ai plutôt eu l'impression d'être face à ce genre de bricolage moche et mal ficelé qu'on trouve dans les labos de recherche et dont l'inventeur, l'oeil illuminé et le postillon au bord des lèvres, vous vante l'incroyable potentiel. Une chose est certaine : le rock énergique et mal dégrossi des Cold War Kids arpente la face malsaine de l'existence avec une violence d'autant plus redoutable qu'elle ne doit rien au hasard. Le chaos, les dissonances qui font soudain irruption au détour d'un riff normal ou d'une paisible ballade sont savamment pensés, calculés, pesés (We Used To Vacation, l'excellent Hang Me Up To Dry, God Make Up Your Mind). Mettre en avant la batterie, user du piano comme d'une percussion supplémentaire, briser les rythmes comme on soufflerait le chaud et le froid, tout ceci relève d'un choix artistique délibéré et non d'un défaut de technique ou de moyens. On pourrait aussi s'attarder sur les textes – chantés haut perché – dont la cruauté et la douleur mêlées feraient saliver le psy le plus blasé. Ce n'est pas beau, non. Mais cet art brut n'en est pas moins sensible, intelligent et, par moments, extrêmement brillant (Hospital Beds par exemple).
21 juin 2008
Falls Festival (Australie), 2010.
2006, V2.