2006, Kranky
Mathew Sweet se défend de faire du folk. Certes, il ne gratouille pas la guitare à la manière de toutes les Joan Baez passées, présentes et à venir – jamais d'accords, seulement de la broderie de motifs et d'arpèges. Certes encore, son filet de voix est aux antipodes des célestes envolées de Crosby, Stills, Nash and Young. Pour autant, je ne vois pas bien comment qualifier autrement ces chansons intimistes qu'il a enregistrées tout seul chez lui, sur un simple quatre pistes, et que sa maison de disques a eu l'éclair de génie de conserver en l'état. S'il fallait oser une comparaison, je dirais que les Red House Painters de Mark Kozelek étaient de joyeux lurons à côté de toutes les facettes de la dépression et de la tristesse que nous fait entendre Boduf Songs. L'album se referme sur un Bell Of Harness d'abord carrément plus suicidaire que tout le reste, avant de tourner, au bout de 5 minutes et quelques, à une « vraie » chanson, plus orchestrée et mélodique que les autres. Pour la première fois, on « entend » que les yeux de Mathew Sweet quittent ses chaussures et se lèvent vers les cieux à la recherche d'autre chose – une éclaircie, une colombe, un rayon de soleil, l'espoir d'une vie meilleure ? L'on ne sait pas vraiment, mais Dieu que c'est magnifique !
13 octobre 2013
Version originale.
2006, Kranky.