Je ne sais pas trop qui a eu l'idée de classer les B-52's dans le courant de la new wave, mais un simple coup d'œil au look de ces cinq olibrius débarqués de Géorgie à la fin des années 1970 aurait suffi à jeter comme un doute : fringues étriquées et bariolées des années 50-60, coiffures « choucroute » des dames... Du reste, une fois retiré le persil dans les oreilles, l'insouciance festive de ces « bons à rien » (« deadbeats », comme les qualifiaient leurs parents) ne saurait se confondre avec la radicalité dépressive ou le minimalisme neurasthénique, deux étendards de la new wave. Il n'en reste pas moins que les joyeux lurons ne sont pas davantage épargnés par l'adversité. Arrivé après quatre ans de deuil de leur guitariste Ricky Wilson et par ailleurs grand frère de la chanteuse Cindy Wilson, cet album les révèle grandis : si leurs chansons sont toujours joyeuses et entraînantes, elles se sont musclées et ont gagné en maturité, avec des textes parfois plus caustiques ou nostalgiques. Les dialogues vocaux de Fred Schneider, Cindy Wilson et Kate Pierson atteignent une forme de perfection et la guitare reprise par Keith Strickland fait merveille en accords métalliques, envolées cristallines et autres sautillements aigus. Cosmic Thing, Love Shack, Roam, Channel Z, Deadbeat Club, Topaz... Non seulement tout l'album est un sans faute, mais il porte le miracle de mettre en joie le cœur des gens. Peut-être n'est-ce donné qu'aux « bons à rien » de savoir faire tant de bien quand on est soi-même touché par le malheur.
Quelque part en 1989.
Vidéo éditée par Club Escape80.
Crédits
Musiciens
Les B-52's sont Kate Pierson (chant, claviers), Fred Schneider (chant, percussions), Keith Strickland (chant, guitare, claviers) et Cindy Wilson (chant).
Avec Leroy Clouden (batterie sur 6, 9, 10), Charlie Drayton (batterie sur 4, 5, 7, 8), Sonny Emory (batterie sur 2, 3), Steve Ferrone (batterie sur 1), Richard Hilton (claviers sur 6), Sara Lee (basse sur 2-7, 9, 10, claviers et choeurs sur 10), Tommy Mandell (claviers sur 1), Nile Rodgers (guitare sur 9), Philippe Saisse (claviers sur 2, 3)
Cuivres sur 4 : Carl Beatty, Chris Cioe, Bob Funk, Arno Hecht et Paul Literal.
Auteurs
Écrit et composé par les B-52's sauf 6 (paroles de Robert Waldrop).
Production
Produit par Nile Rodgers (1-3, 6, 9, 10) et Don Was (4, 5, 7, 8).
Sessions de Nile Rodgers enregistrées par Tom Durack aux studios Skyline à New York (États-Unis) avec Ed Brooks, Keith Freedman, Paul Argelli et Patrick Dillett, ainsi que Budd Tunick (directeur de la production) et Richard Hilton (programmation). Mixage par Tom Durak et Nile Rodgers aux studios Skyline.
Sessions de Don Was enregistrées par Dave Cook aux studios Dreamland Recording à Wast Hurley (New York, États-Unis), avec Martin Kunitz. Préproduction aux studios Bearsville à Bearsville (New-York, États-Unis). Mixage par Tom Durack aux studios Skyline à New York sauf 4 et 7 aux studios Electric Lady à New York.
Mastérisé par Bob Ludwig aux studios Masterdisk à New York.
Édité par Man Woman Together Now!
Géré par Steven Jensen et Martin Kirkup de Direct Management Group, avec l'assistance de Laurie Miller à Los Angeles (Californie, États-Unis) et Kim Hilton à Londres (Angleterre, Royaume-Uni).
Pochette
B-52's et Manhattan Design (conception), Virginia Liberatore (photo), Christoph Lanzenberg (vidéo), Tokyo (coiffure), Kachin (stylisme), Chris Isles et Alpina Bawa (robes), Arthur Koby (boucles d'oreille).
Parution et label
1989, Reprise Records.