2007, Merge Records
L'énergie que dégagent les Américano-Canadiens d'Arcade Fire est décidément toujours aussi étonnante. Ce n'est pas seulement qu'ils soient pléthore à jouer de tout un bric à brac d'instruments (mandoline, accordéon, violons, cuivres, harpe, xylophone, vielle à roue...). Ils ont surtout l'art de partir de simples comptines pour en faire de la country galopante (Keep The Car Running), du folk de coin du feu (Neon Bible), du chant de promenade (première partie de Black Wave), du rock'n'roll (Antichrist). Tout n'est pas forcément rose pour autant. Certains morceaux, au son plus sourd et à l'orchestration pesante, s'enfoncent dans des forêts obscures (Black Mirror, Black Wave / Bad Vibrations). L'on sent néanmoins qu'il y a une joie très palpable à faire de la musique, chez cette troupe. Et puis, il y a la magie pure des très grands morceaux que l'on reprend en choeur à tue-tête pendant que les poils se hérissent sur les bras et que la tête s'emplit d'images à la fois naïves et mélancoliques. Des morceaux dont on voudrait garder la mélodie, l'ambiance et l'émotion intactes pour toujours. Des morceaux qui, comme Ocean Of Noise, font verser une larme de bonheur lorsque vient le feu d'artifice final du piano et des trompettes mariachi. Des morceaux qui, comme My Body Is A Cage, savent fédérer le doute, la peur et l'espérance des hommes au son d'un orgue quasi-religieux. Des morceaux encore qui, comme No Cars Go, nous font retrouver le chemin oublié de nos cabanes secrètes d'enfants. Quand on tient une telle musique, on se fiche éperdument d'en couper la technique en quatre. Elle panse les plaies, met du baume au coeur et rapproche les hommes. C'est tout ce qui compte.
14 avril 2008
Les Eurockéennes de Belfort (France), 1er juillet 2007.
2007, Merge Records.