1991, Reflex Records
La new wave est avant tout une question d'effets. Musicaux bien sûr, sous forme de pédales (flanger, delay, phasing, chorus, etc.) branchées sur la basse (ronde et métallique) et la guitare (ample et tournante). Avec le renfort d'une batterie sèche et hachée (répétez ça très vite plusieurs fois, pour voir...), on peut ainsi installer sans problème des langueurs inquiètes (Shantell, Headless Clay Woman, Virus Meadow), cracher de soudaines éruptions de colère (The Renegade) ou paresser sur des chemins plus consensuels (Gone... Like The Swallows), l'atmosphère générale reste de toute façon confinée dans une noirceur dépressive à souhait. Dans le cas d'AATT, les choses se gâtent malheureusement avec le chant, qui hoquette et suffoque au creux de la (nouvelle) vague. Car si les musiciens font plutôt dans la tension refoulée, le chanteur est nettement plus expansif : sanglots dans la voix, roulement des « r », scansion habitée et apostrophe postillonnante. Cette vocifération théâtrale vient-elle de l'interprétation live ? Peut-être, mais je crois surtout y retrouver la posture excessive du romantique maudit pris entre le marteau de Goethe et l'enclume de Lautréamont (ou plutôt de Shelley, dans le cas présent). À la longue, romantisme ou pas, c'en devient un tic aussi agaçant que ridicule. Cela dit, à force de dénigrer bêtement, on en oublierait presque de souligner que Virus Meadow est quand même un grand moment.
4 avril 2007
Turin (Italie) le 25 mai 2012.
1991, Reflex Records.