Musicabrac / Avatar
Surgi de nulle part à l'été 2025, le groupe Velvet Sundown n'est qu'un avatar créé avec l'aide de l'intelligence artificielle. Cela ressemble à de la musique mais ne parvient ni à tenir la distance, ni à susciter autre chose qu'une curiosité passagère.
Il ne manquerait plus que les machines accusent le groupe Kraftwerk d'appropriation culturelle !
Photo : John Fisher / Creative Commons (by-nc-nd).
La supercherie n'aura pas résisté longtemps : il est vite apparu que le groupe Velvet Sundown, surgi soudainement sur les plateformes musicales avec une production particulièrement prolifique (trois albums en un mois !), n'est autre qu'un avatar numérique dont les visuels et la musique ont été créés à l'aide de l'intelligence artificielle. Ce qui a permis d'apprendre du même coup qu'une plateforme comme Spotify n'a aucun scrupule à « vérifier » un artiste qui n'existe pas. Quant au créateur de toute cette magouille virtuelle, il explique dans la bio finalement corrigée du groupe qu'il s'agissait en fait d'une « provocation artistique destinée à questionner les limites du statut d'auteur, de l'identité et de l'avenir de la musique elle-même à l'ère de l'IA ». Mais bien sûr, Arthur !
Il faut admettre qu'à l'écoute de cette musique mi-blues mi-country, calme et sans aspérités, il est quasiment impossible de détecter la supercherie, même si l'on se demande parfois pourquoi cela ne s'emballe jamais et pourquoi les « musiciens » adoptent systématiquement un jeu des plus simples et très convenu, proche de l'accompagnement standard de chansons de variété. Ce n'est pas désagréable à écouter mais personnellement, je n'en retiens rien à siffloter sous la douche et j'aurais du mal à comprendre un engouement soudain pour quelque chose d'aussi lisse et banal. Si j'avais dû inclure l'album Paper Sun Rebellion dans ma base de données musicale, j'aurais probablement conclu par un « pas original du tout et trop proche de la variété à mon goût », et n'aurais pas coché la case « à chroniquer ».
Au fond, cette anecdote est plutôt rassurante : si l'IA s'avère efficace à servir l'avidité mercantile des escrocs en col blanc, elle ne sait pas s'affranchir de son cadre – ce qui existe déjà – et ne produit donc que du collage d'éléments dont elle a connaissance. C'est très probablement utile et même bluffant par la somme des connaissances et de règles qu'elle est capable d'emmagasiner pour les restituer de manière réfléchie, mais cela ne reste au final que du copier-coller. Or en musique comme dans tous les arts, c'est avant tout la transgression des règles, des normes, des traditions et des habitudes qui libère l'imagination pour créer de l'inédit et envoyer des flèches d'émotion dans le cœur.
10 octobre 2025
Sources : La page Spotify du Velvet Sundown ; la presse, par exemple Le « groupe » The Velvet Sundown confirme qu'il est le produit d'une IA (Rolling Stone, 8 juillet 2025).
