Starless

Musicabrac / Smells Like Teen Spirit

La musique préférée de tout un chacun est le plus souvent celle qui a marqué l'adolescence.

Photo : Pixabay / Leandro De Carvalho / Creative Commons.

De passage à une émission télévisée, le chanteur Pascal Obispo faisait observer que la musique que l'on préfère reste toujours celle qui a marqué notre adolescence. Cette évidence lumineuse m'a incité à entreprendre deux actions. La première a été de réécouter mentalement l'intégralité de l'album de ma vie : Red de King Crimson (1). Seconde action : farfouiller un peu pour en apprendre davantage sur cette corrélation entre musique fétiche et adolescence, qu'un économiste américain met en évidence en analysant les données d'écoute fournies par Spotify. Il y aurait deux explications. La première est biologique. Le cerveau, toujours en pleine évolution à l'adolescence, grave les connexions entre la musique et les émotions, ainsi que les circonstances de leur association. Il se trouve qu'à l'adolescence, cette mémorisation neuronale est amplifiée par les hormones. La seconde raison serait plus psychologique : c'est à l'adolescence que l'on se forge son identité, et la musique que l'on apprécie à ce moment-là devient en quelque sorte la bande-son de notre moi. J'ai d'ailleurs tendance à croire qu'il en va de même pour les lectures, si j'en juge par l'attachement émotionnel intense qui me lie à certains auteurs découverts entre 16 et 20 ans.

21 octobre 2018

(1) Je suis tellement imprégné de cet album que je n'ai même pas à l'écouter physiquement. Quand je veux me faire du bien, il me suffit de le dérouler dans ma tête, du début à la fin – à l'exception de l'improvisation Providence, je vous l'accorde.

Sources : The Songs That Bind (Seth Stephens-Davidowitz, The New York Times, 10 février 2018) ; Si vous êtes attachés à la musique de votre adolescence, c'est à cause de votre cerveau (Mark Joseph Stern, Slate, 26 août 2014) ; Johnny Hallyday, Michael Jackson, les Beatles... Pourquoi sommes-nous aussi attachés aux vieux tubes (Sandra Lorenzo, Huffington Post, 9 décembre 2017).

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© René-Luc Bénichou / 2005-2024. Page éditée le 28 janvier 2024.